"This is only the beginning, Snake. America will descend into chaos... It'll be the Wild West all over again. No law, no order. Fire will spread across the world. The people will fight... and through battle, they will know the fullness of life. At last... our father's will... his Outer Heaven... is complete." - Liquid Ocelot


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Sommaire :

- Introduction
- Partie ILa morale de Mgs1 : ça, les réductionnistes, c'est pour vos p'tites fesses
- Partie II Mgs2 : L'Hidéo-logie des Patriots
- Partie IIIMgs3 : Opinions et conséquences
- Parte IVMgs4 : La guerre comme petit boulot, perte de vue de la nature humaine



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L'un des personnages les plus marquants de la saga pour pas mal de monde n'est autre que The Boss, mère spirtuelle de Big Boss, qui lui a tout enseigné. Étant ainsi à l'origine du serpent qui donna naissance à trois clones, elle est également en plein coeur de l'intrigue au vu de sa conception particulière du monde : émus par la mort de la légendaire The Boss, Big Boss et Zero vont tout mettre en oeuvre pour réaliser son rêve. Toutefois, leurs interprétations divergent, et peu à peu, tous deux deviennent extrêmistes, s'entêtent, et finissent par être de parfaits opposés, créant au final une situation que jamais The Boss n'aurait voulue (A). Cette divergence d'interprétation naît du problème de la quête de la vérité. Qu'est-ce que la vérité ? Comment interpréter les paroles d'une personne ? L'interprétation en elle-même étant subjective, ne signifie-t-elle pas obligatoirement l'impossibilité d'atteindre la vérité ? Faut-il se fier à ses opinions ? (B)


A) Les faits : un monde parfait, deux interprétations chaotiques

Durant tout Metal Gear Solid 3, le joueur croise et recroise The Boss, personnage féminin sublimé par la mise en scène, qui semble aussi sage que puissante, et qui découperait Big Boss en petits morceaux si elle le voulait. Jusqu'alors, le personnage qui était ainsi "sublimé" dans la saga n'était autre que Big Boss lui-même, que l'on nous présentait comme le plus grand mercenaire de tous les temps. Le fait de nous balancer d'emblée un personnage qui lui est supérieur vise donc à montrer à quel point ledit personnage est important.

The Boss > Big Boss

Au final, vous le savez, The Boss décide de se lancer dans un combat à mort contre son disciple favori qui n'est autre que Big Boss en personne. Mais avant cet émouvante bataille, The Boss ne manque pas d'évoquer sa vision du monde, si particulière au vu de tout ce qu'elle a vécu. Patriote convaincue, elle sait néanmoins que les notions de "pays", "frontière", ou encore "alliés" et "ennemis" sont purement relatives. Et pour cause, elle a vu la Terre de l'extérieur, depuis l'espace. Et comme elle le dit si bien, elle n'y a vu "ni Est, ni Ouest, ni Guerre Froide". Les alliés d'aujourd'hui seront demain des ennemis, et inversement. Telle est la philosophie de The Boss, qui ramène sans cesse sa condition de soldat à des termes absolus, remettant tout en question en bonne philosophe.

"L'un doit vivre, et l'autre doit mourir. Celui qui survivra portera le titre de "Boss", et devra continuer à se battre, jusqu'à la fin [...]. Je t'ai élevé. Je t'ai appris tout ce que je savais. Je n'ai plus que ma vie à te donner [...]. Jack... ou devrais-je dire, Snake... tu es un homme merveilleux. Tue-moi. Tue-moi, maintenant. Fais-le ! Il n'y a de place que pour un Boss... et un Snake. "

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Outre le traumatisme de la mort de The Boss, les dernières paroles de cette dernière, qui s'est enfin ouverte à la seule personne en qui elle aura jamais eu pleinement confiance, marquent profondément Big Boss, ainsi que son ami, Zero. Se basant sur le modèle des "Philosophes" - groupe secret ayant agi dans l'ombre et ayant ramassé durant les deux Guerres Mondiales des fonds quasi-illimités, et dont les membres étaient basés aux Etats-Unis, en Chine, et en Russie, et dont The Boss était la dernière descendante - les deux amis vont fonder ensemble les "Patriots" aux Etats-Unis, avec tous les participants de l'opération Snake Eater : Sigint, Para-Medic, Eva, et Ocelot.

Mais rapidement, l'amitié de longue date qui existait entre Big Boss et Zero se déchire : tous deux ont une conception totalement différente du monde unifié de The Boss. Pour le premier, il faut créer un monde où chaque soldat aurait sa place, et cela passera par la création d'un Etat indépendant : Outer Heaven, paradis de tous les mercenaires. Pour Zero, les humains manquent de sagesse, et doivent à tout prix être contrôlés. Les informations doivent être filtrées afin de pratiquer un "lavage de cerveau" à l'échelle mondiale, et diriger le peuple dans la bonne direction. Les Patriots se divisent pour de bon lorsque Zero décide de cloner Big Boss à son insu. Celui-ci se retire alors et fonde son Etat indépendant, d'abord sous forme d'entreprise avec Militaires Sans Frontières, puis sous forme d'Etat-forteresse avec Outer-Heaven.

Chacun s'enferme sur son interprétation de la volonté de The Boss, fidèles jusqu'au bout. Et le monde en pâtira bien assez tôt : la censure de Zero part dans l'extrême (internet censuré, remplacement des Patriots en voie d'extinction par des machines au vu de son manque de confiance en l'humanité, machines qui raisonnent comme telles et qui vont rationaliser l'économie au vu du manque de pétrole pour la baser sur la guerre, une guerre sans but), de même que la volonté anarchique de Big Boss se fait sentir (menace nucléaire afin d'obtenir l'indépendance de sa nation, kidnappings...).

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B) Opinions et vérité

Après ce long rappel des faits, rentrons dès à présent dans le vif du sujet. Concrètement, le bordel innommable auquel nous assistons dans Mgs4 où tout s'est mécanisé est dû à cette divergence d'interprétation de la volonté de The Boss. Et c'est là que j'ai envie de poser la question : et si, à l'origine, The Boss avait fermé sa gu... non, je déconne, c'est pas ça que je veux dire. Ce que je veux dire, c'est : qu'est-ce que la vérité ? Puisque c'est de cela dont il va s'agir ici, autant nous mettre d'accord sur une définition simple : la vérité, c'est ce qui est vrai... ce qui est conforme au réel. On n'est pas loin d'une définition tautologique, certes, mais si vous n'êtes pas content collez donc un procès à l'éditeur de votre dictionnaire. Pour illustrer cette définition, disons une vérité : "le fond de Metal Gear Generation est bleu". Ok, jusque là, ça va. Si vous êtes daltonien, par contre, vous risquez de contester. Mais la perception qui varie selon les personnes, c'est tout une histoire... sur laquelle nous n'allons pas nous attarder.

Ok, admettons maintenant que je dise "Zero a raison de vouloir contrôler l'humanité", et que le Docteur Zoidberg dise quant à lui : "Big Boss a raison de vouloir libérer les peuples oppressés tout en créant son pays indépendant bien que menaçant". Chacun pense détenir la vérité au travers de son opinion. Mais faut-il tenir ses opinions pour vraies ? Une opinion, par définition, n'est pas la vérité (cf Saussure qui nous dit sur le langage qu'un mot a pour définition celle qu'aucun autre mot n'a). Les opinions peuvent avoir des sources nombreuses : les médias, les amis, etc. Il faut toutefois savoir que la grande majorité des opinions nous viennent du fait de notre passivité. L'individu est passif et reçoit une information, et au vu de sa paresse intellectuelle, il la tiendra pour vraie. Pourquoi ? Parce que c'est plus simple, parce qu'elle vient d'une personne qui semble savoir ce qu'elle dit, ou encore par souci d'intégration sociale. En effet, beaucoup préfèrent l'intégration à un groupe à la vérité. C'est parfaitement compréhensible. Prenons une classe de 25 élèves. S'il y en a un qui pense que Zero a raison, et 24 qui pensent qu'il a tort, croyez-moi sur parole : celui qui se retrouve seul va vite avoir des emmerdes.

zero

Il est donc facile de succomber à la tentation d'adopter une opinion, sans même se soucier de savoir si elle peut être vraie ou non. Mais alors, quelle valeur donner à une opinion ? Elle peut être vraie, tout comme elle peut ne pas du tout l'être. Platon distingue (enfin, distinguait plutôt) trois niveaux :
- l'opinion : avis relevant de la passivité intellectuelle... elle peut être vraie, ou pas.
- l'opinion droite : opinion vraie car visiblement en adéquation avec le réel... mais sans qu'on arrive à le démontrer.
- la pensée : on a alors l'adéquation avec le réel et la démonstration... sans pour autant prétendre avoir raison.
Dans notre cas, on voit très clairement les dangers de l'opinion, et à quels extrêmes elle peut mener. C'est le problème du dogmatisme, que nous allons aborder en-dessous.

Un idéal, deux interprétations. Comment atteindre la vérité ? Plusieurs solutions, plus ou moins bonnes.
=> Tout d'abord : prouver que l'autre à tort. Le problème de cette hypothèse est que l'on se bat contre l'autre, qu'il n'y a aucune ouverture, et que l'on sombre vite dans le dogmatisme, l'endoctrinement, le fanatisme. Il en ressort une certaine violence, qui ne fait que répondre à la violence pour le dogmatique de l'opinion de la personne en face, contraire à la sienne. Ainsi, pour éviter cette souffrance, on ira même jusqu'au massacre de ceux qui pensent différemment (cf extrémistes religieux, etc.). Le dogmatique refusera même de voir la vérité si vous la lui collez sous le nez avec une démonstration bien branlée, par A + B, tout ce que vous voulez. Vous avez sans doute déjà été dans cette situation : vous savez avoir raison, mais votre interlocuteur, malgré toutes les preuves que vous lui apportez, campe sur ses positions. C'est à s'en arracher les cheveux, non ?
=> On peut aussi argumenter en faveur de son point de vue (et non contre celui de l'autre)
=> Il est aussi possible de relativiser. Toutefois, cela pose problème là encore. Relativiser, c'est considérer que "toutes les opinions se valent". Or, dans ce cas, on valide n'importe quelle idée, et il n'y a donc plus de vérité à proprement parler. Il est évident que si une idée est vraie, l'autre est fausse. Pour Protagoras, "l'homme est la mesure de toute chose", c'est-à-dire que plus une idée est répandue, plus elle s'affirme comme vraisemblable. C'est évidemment un raccourci dangereux.
=> Instaurer un dialogue avec l'autre personne, débattre, pour aboutir à une conclusion commune ("sens commun" chez Kant). Cela suggère toutefois certaines choses : savoir remettre en question ce que l'on tient pour vrai, et être capable de démontrer.

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Je sais, l'image est hors sujet, mais j'avais rien d'autre en stock. Et puis elle est rigolote.

Ni Big Boss, ni Zero ne semblent avoir le moindre désir de débattre ensemble, au calme. Au contraire, on est en plein dogmatisme, avec un Zero qui ira jusqu'à mettre hors-jeu Big Boss et à le réduire à l'état de légume. De légume bien cuit, qui plus est. Auraient-ils seulement été capables de démontrer leur point de vue ? Il me semble que chacun trouvait son idée "évidente", ici. C'est souvent le cas. Descartes propose une méthode simple pour démontrer, en quatre étapes.
- Primo : partir d'idées claires et distinctes (des "intuitions rationnelles", c'est-à-dire des évidences).
- Deuxio : analyser le problème, et le décomposer en autant de questions qu'il en contient.
- Tertio : recomposer le tout, du plus simple au plus complexe
- Ezio (?) : vérifier que rien n'a été oublié dans la synthèse.

Ok, c'est bien sympa, mais non seulement c'est très laborieux, mais en plus de ça, une faille énorme se situe au premier point de cette méthode. Je vous laisse deviner... Allez, vous avez trouvé ? ... Non, mais sérieux ? ... Bon, ok. La faille n'est pas des moindre : Descartes veut que l'on se base sur l'évidence. Or, quoi de plus subjectif que l'évidence ? Divisez 80 par 4 de tête devant votre petit cousin de 10 ans qui vient d'apprendre à poser ses divisions : il vous dira que vous faites n'importe quoi. Pour lui, c'est loin d'être évident, que 80 divisé par 4 = 17. Heu... ouais, bref. C'est Nietzsche qui soulève le problème, en faisant remarquer à notre ami Descartes que l'évidence se transforme rapidement en conviction, ce qui mène au dogmatisme. Ainsi, pour lui, "les convictions sont des ennemies de la vérité, plus dangereuses que le mensonge", pour la bonne et simple raison que lors d'un mensonge, vous connaissez la vérité tout en choisissant de la cacher... alors que lorsque vous défendez une conviction qui est fausse, vous ne savez pas vous-même qu'il ne s'agit pas de la vérité.


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"Boss... je comprends, maintenant. Il ne s'agit pas de changer le monde... Il s'agit de faire de notre mieux pour que le monde reste le même..."


Que tirer alors des dernières paroles de Big Boss ? Il s'agit d'une nouvelle interprétation. Mais interprète-t-il la volonté de The Boss comme il le faut ? A-t-il enfin atteint la vérité ? A vous de vous forger votre opinion...


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