"The moment you close your eyes on the battlefield is the moment you never open them again." - The End


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Page écrite par : -Serum (Dante_Sparda_62)

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Sommaire :

- Introduction
- Partie ILa morale de Mgs1 : ça, les réductionnistes, c'est pour vos p'tites fesses
- Partie II Mgs2 : L'Hidéo-logie des Patriots
- Partie IIIMgs3 : Opinions et conséquences
- Parte IVMgs4 : La guerre comme petit boulot, perte de vue de la nature humaine



partie4


Metal Gear Solid 4 démarre assez différemment de ses précédesseurs. Là où l'on avait l'habitude d'une entrée en matière fracassante (saut en élastique, saut Halo, arrivée en Propulseur pour Nageur à une Place...), Mgs4 déroge à la règle et, au lieu de mettre Snake en valeur, choisit de souligner la tristesse de la situation dans le monde. En effet, "la guerre a changé", et est devenue purement économique (A). Le travail de beaucoup d'êtres humains se résume donc à combattre, sans avoir besoin d'entraînement ni même d'expérience, grâce aux nanomachines. Or, le travail, et la technique qu'on y développe, sont importants pour l'homme (B).


A) Les faits : "War has changed"

La situation mondiale dans Mgs4 frôle l'absurde. Et pourtant, est-on si loin de la réalité ? Suite à la quasi-disparition des réserves mondiales de pétrole, l'économie mondiale devait trouver un nouveau pilier central, solide, qui soutiendrait la machine infernale de la course aux profits. En 2014, les Patriots sous forme d'intelligence artificielle, ont trouvé une solution : la guerre. La guerre pour quoi ? Contre qui ? A vrai dire, on s'en moque. Il ne s'agit pas de défendre un idéal, une religion, un régime, un pays, une nation, un drapeau, ou un principe quelconque. Il s'agit de travailler. Les Sociétés Militaires Privées (qui, précisons-le, existent dores et déjà aux Etats-Unis où elles représentent environ 50 % de la puissance militaire du pays) se développent et se battent, et l'économie tourne grâce à cela.

"La guerre a changé. Il ne s'agit plus de nations, d'appartenances ethniques, ou d'idéologies. C'est une interminable série de batailles par procuration, dans lesquelles combattent mercenaires et machines. La guerre, et sa consommation de la vie, est devenue une machine bien rôdée.

La guerre a changé. Des soldats marqués d'un numéro de série utilisent des armes à ID, et des équipements à ID. Les nanomachines dans leurs corps améliorent et régulent leurs aptitudes. Contrôle génétique. Contrôle de l'information. Contrôle de l'émotion. Contrôle du champs de bataille. Tout est surveillé, et gardé sous contrôle.

La guerre a changé. L'ère de la dissuasion a laissé place à l'ère du contrôle, dans le but d'éviter des catastrophes dues aux armes de destruction massives. Et celui qui contrôle le champs de bataille... contrôle l'Histoire.

La guerre a changé... quand le champs de bataille est sous contrôle total... la guerre devient routine."

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Snake, au milieu de tout ça, reste persuadé que des bleus inexpérimentés ne peuvent pas devenir aussi bons que des "soldats à l'ancienne" juste parce que certains corps chimiques à l'intérieur d'eux sont tantôt inhibés, tantôt décuplés. Selon lui, rien ne remplace l'apprentissage de techniques, et l'expérience. Concrètement, rien ne remplace le travail.


B) Les soldats de Mgs4 : un faux métier, une humanité volée

Commençons très sobrement par une rapide analyse de l'importance pour l'homme du travail. On va se baser pour commencer sur un passage de la Bible connu de tous en général (note : je rappelle que je ne cautionne pas de religion quelle qu'elle soit, étant tout ce qu'il y a de plus athée... donc là n'est pas la question). Dans la Genèse, on a l'histoire bien connue d'Adam et Eve, qui vivent dans ce super jardin où on peut se nourrir comme on veut sans effort, etc. Puis Eve croque la pomme, et de ce pêché originel va découler une malédiction : désormais, l'homme devra s'adapter, transformer son milieu, en d'autres mots travailler dans le but de survivre. Ethymologiquement, le travail, c'est la torture. Il faut sans arrêt recommencer, le travail ne s'arrête jamais. Pour la femme, on parle de "travail" pour l'accouchement, d'ailleurs (symbole de ce cycle perpétuel). Cette malédiction, en passant, rend l'homme savant : alors qu'autrefois tout lui était donné, il doit désormais réfléchir, développer des techniques.

La technique est une méthode, un procédé réfléchi, transmissible et perfectible, destiné à produire un résultat. Il n'y a pas de travail sans technique. Sans elle, l'homme est passif, soumis. La technique est en fait une ruse de l'homme dans le travail, qui lui permet de se libérer. Il apprend à maîtriser la nature, à la faire travailler pour lui. Le travail est donc contraignant, mais la technique le rend libérateur.

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En quoi le travail est-il si important pour le développement de l'humanité en tant que telle, outre sa survie ? Tout simplement parce que le travail discipline l'homme, il l'éduque. Pour la Genèse encore une fois, le travail nous fait surmonter nos vices. Quittons pour de bon la religion pour nous tourner vers Freud, pour qui le travail est l'un des moyens de détourner les pulsions (sublimation) afin d'obtenir le contrôle de soi et de satisfaire le sur-moi (je vous laisse le soin d'approfondir si besoin, vous trouverez beaucoup d'infos sur le net). Le travail nécessite de l'intelligence, et du travail découle l'intelligence. C'est quelque chose de propre à l'homme. Marx prend l'exemple d'une abeille qui construit une ruche : l'abeille ne réfléchit pas. Elle agit par instinct, elle ne sait même pas qu'elle construit, car elle est dénuée d'intelligence. Un architecte, à l'inverse, réfléchit, puis construit. Même s'il rate son coup et qu'il fait un truc tout pourri, il aura sorti ce truc de sa tête. Le travail force donc à une prise de recul, sans céder aux pulsions. Voilà en quoi le travail et la technique sont indispensables à l'évolution de l'homme.

Ainsi, on ne peut pas vraiment dire de nos amis SMP et rebelles de Mgs4 qu'ils travaillent, en ce qu'ils ne s'enrichissent pas. Alors que le travail devrait leur permettre de se développper au niveau individuel, ils ne semblent plus former qu'un corps, un groupe formaté par les nanomachines pour que ses membres agissent tous de la même manière. Les soldats réagissent généralement tous de la même manière dans Mgs4, si bien qu'on peut anticiper leurs mouvements. A l'inverse, les rebelles, qui n'ont me semble-t-il pas de nanomachines régulatrices, sont parfois pris de terreur ou autre. Ils semblent donc bien plus humains. Les soldats déferlent ainsi sur le champ de bataille, groupe après groupe, comme de vrais robots, ne réfléchissant à rien, se laissant guider par les nanomachines. Dans Mgs4, l'homme n'utilise plus la technique pour ruser : la technique a pris possession de l'homme. C'est flagrant à un double niveau : les intelligences artificielles des Patriots ont totalement dérivé vers l'extrêmisme et n'en font plus qu'à leur tête pour diriger le monde... et ce sont eux qui ont mis en place ces nanomachines aliénatrice de l'essence même de l'homme en place.

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Je terminerai cette dernière partie en parlant à nouveau de Karl Marx. Selon lui, la division sociale du travail découle des relations de pouvoir. Les tâches sont distribuées selon les critères sociaux. Historiquement, on aurait eu trois modes de production qui se sont succédés : le mode esclavagiste (antiquité), le mode féodal (Noblesse / Clergé / Tiers-Etat), et enfin le mode capitaliste. Tous trois sont basés sur des rapports de pouvoir. Le travail du prolétaire est aliénant à plusieurs niveaux, notamment en ce que la division du travail fait qu'il répète perpétuellement une tâche unique, et qu'il n'y a donc plus besoin de qualité, de réflexion. C'est une forme de déshumanisation. On ne développe plus ses compétences, et on n'a plus conscience de l'utiltié de ses actes, qui sont noyés dans la gigantesque chaîne de production. A vrai dire, on s'en moque : on travaille pour consommer, s'enrichir : on cherche alors refuge ailleurs, dans les plaisirs de la vie, cédant aux pulsions de plus en plus facilement.

Bien sûr, Mgs4 pratique cette aliénation à l'extrême. On sait que les travailleurs sont soumis au stress du contrôle de leurs supérieurs. Dans Mgs4, ce contrôle est pire que tout : il vient de l'intérieur. On force le corps du soldat, du "travailleur", à agir de telle ou telle manière s'il produit trop d'adrénaline ou autre. L'homme n'a même plus conscience des réactions de son propre corps. Il est alors plus proche de la machine que de l'être humain.

Et même si Hidéo Kojima est japonais et que - comme tout japonais qui se respecte - il adore la robotique... il semble tout de même lui préférer cette bonne vieille humanité.

koji

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